Tibet : 18 jours sur le toit du monde

Ces 18 jours passés au Tibet auront une saveur bien particulière dans notre voyage.

Nous sommes redescendus du plus haut plateau du monde avec le sentiment, très intime, d’avoir vécu quelque chose de rare. Le Tibet nous a offert un spectacle d’une ferveur religieuse si intense et si profonde qu’elle en est devenue, avec le temps, envoutante. Le Tibet nous a présenté ses décors grandioses, avec ses paysages  lunaires, ses plus hauts sommets du monde, et ses lacs si beaux et si mystérieux. Mais le Tibet nous a aussi dévoilé l’immense tragédie que son peuple et que sa culture sont en train de subir. Nous avons vu de nos propres yeux les conséquences de la politique active de sinisation du Tibet que mène le gouvernement chinois depuis 50 ans. Nous avons vu les dégâts que pouvait faire l’ultralibéralisme à la chinoise. Nous nous sommes sentis oppressés par tous ces militaires surarmés, présents à chaque coin de rue, chaque route, et qui sont plus là pour terroriser la population et mater violemment les dissidents que pour respecter leur mission officielle, veiller à l’harmonie entre les populations. Oui, le Tibet d’aujourd’hui suscite de la révolte et de la peine face à l’impuissance et à l’impunité. Mais ce serait oublier l’extraordinaire expérience de voyage qu’il peut encore offrir.

Mise en place du voyage

Le Tibet, bien sûr, ne se visite pas comme n’importe quel pays. Il faut, en plus du visa pour la Chine, une autorisation spéciale d’entrée et de circulation, un programme de parcours détaillé à respecter obligatoirement, un guide agrée par les autorités, et un groupe. Et les autorités veillent au grain à ce que cela soit respecté, surtout depuis les révoltes de 2008. Donc pas de dérogation pour nous, il nous a fallu organiser notre périple depuis Beijing. Après tenté de constituer un groupe sur les forums de voyageurs, nous avons trouvé un groupe en cours de formation avec le même projet de périple que le notre. Nous sautons sur l’occasion et passons par une agence tibétaine qui nous propose un prix imbattable. Nous sommes six, avec à nos côtés : Anneli (estonienne), Michelle (australienne), Matthias (allemand) et Markus (suisse). Tous jeunes, tous voyageurs endurcis, tous faisant un long voyage. Notre groupe s’avèrera plus tard être extraordinaire.

Notre guide, que nous rencontrons une fois à Lhassa, est Tibétain. Il s’appelle Wangdue. Il est jeune, 24 ans, a grandi dans les écoles monastiques et est un fervent bouddhiste. Il nous a expliqué avec passion le bouddhisme tibétain et nous a donné les clés pour comprendre cette incroyable ferveur qu’on trouve au Tibet. Il a été discret sur ses positions concernant le gouvernement chinois et ses actions au Tibet en raison des risques encourus, mais nous a peint la situation du Tibet d’aujourd’hui et laissé nous faire librement notre opinion. En plus d’avoir été un excellent guide, ce fut une belle rencontre.

De Lhassa à la Friendship Highway

Notre parcours était construit simplement. 18 jours au Tibet pour découvrir Lhassa et ses environs avant de rejoindre la Friendship Highway, la fameuse route reliant Lhassa à la frontière népalaise, et parcourir les autres villes, paysages lunaires, et chaînes montagneuses du Tibet.

Le premier visage du Tibet que nous avons eu est celui de Lhassa (3700m d’altitude), avec son envoutant quartier du Barkhor où les pèlerins s’amassent, moulins de prières à la main, pour rejoindre le Temple du Jokhang et se prosterner maintes et maintes fois devant sa façade. Avec son immanquable Potala aussi, gigantesque demeure du Dalaï Lama (revoyez « Sept Ans au Tibet » !) où les décisions politiques et religieuses ont été prises durant 4 siècles. A Lhassa et dans ses environs, nous avons visité plusieurs monastères (même un couvent), tous en activité, et avons parfois eu la chance d’assister aux séances très mystiques de prières communes et de mantras sous la lumière chancelante des bougies au beurre de yack.

A 6 heures de Lhassa, nous avons rejoint pendant deux jours le Lac Namsto, une de nos expériences les plus marquantes au Tibet. Il s’agit du lac sacré le plus important pour les Tibétains, perché à plus de 4700m d’altitude (le plus haut lac du monde), paraît-il qu’il aurait coulé à lui tout seul toutes les tentatives de pêche industrielle menées par les chinois. Ne pas confondre le Lac Namtso avec le Lac Yamdrok (appelé aussi Lac Turquoise), tout aussi fabuleux. Nous vous laisserons admirer les photos par vous-même !

Sur la route de la Friendship Highway, nous avons été stupéfaits par toute la splendeur et toute la vacuité des paysages du plateau tibétain, et nous avons pu admirer la grandeur des chaînes de montagnes, notamment celle de l’Himalaya, culminant souvent à plus de 7000m. Nous avons fait des haltes aux principales villes du Tibet, Gyantsé, Shigatsé et Sakya, et y avons découvert à chaque fois des temples et monastères chargés de ferveur où des centaines de pélerins, des nomades pour la plupart, s’empressent à venir se prosterner et prier devant le Buddha.

Avant de rejoindre la frontière népalaise, nous nous sommes rendus, non sans une certaine excitation, au camp de base de l’Everest, là où commencent les expéditions pour gravir le plus haut sommet du monde. Le camp est situé à 5300m d’altitude et nous l’avons rejoint après 2 heures de marche sous une tempête de neige. Manque de chance, le temps n’étant pas au rendez-vous, nous n’avons pas vu apercevoir le col de près. A vrai dire, on ne pouvait absolument rien voir de l’Everest ! Mais dormir dans une tente chauffée aux excréments de yack fut une expérience inoubliable.

Consultez l’album complet du voyage ici.

A l’intérieur du Temple Jokhang où l’on a assisté à un concassage de béton de cailloux (sol de type Arka, typique du Tibet), tout ça en musique: